Mon bureau de demain / Enquête Challenges.fr

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Surprise, les jeunes rêvent de bureaux fermés et de vrais chefs !

 

Alors que les grands groupes investissent des millions dans la rénovation de leurs espaces de travail pour attirer davantage de jeunes diplômés, il se trouve que les principaux intéressés se montrent étonnamment conservateurs sur le bureau de leurs rêves.

Les DRH de grands groupes vont littéralement tomber de leurs chaises à la lecture de cette étude. Afin d’attirer les jeunes talents les plus prometteurs, ils injectent ces dernières années des millions dans la création de flex-office (espaces de travail sans bureau attitré) ou encore dans la location de bureaux en coworking. Ces aménagements très coûteux sont pourtant TRÈS loin de faire rêver leurs futures recrues, selon l’enquête menée par la Chaire Workplace Management de l’Essec Business School*, que Challenges a pu consulter en exclusivité. Si ses résultats sont à prendre avec beaucoup de précautions étant donné l’échantillon très restreint qui a été sondé, ils n’en demeurent pas moins détonnants.

Interrogés sur leurs préférences en matière d’aménagement de bureau à la sortie de l’école, les étudiants se montrent particulièrement conservateurs sur leur futur espace de travail. Ce qui les attireraient le plus? Le bon vieux bureau fermé individuel est plébiscité par près du tiers d’entre eux! 26% toléreraient quand même dans un bureau fermé partagé, quand plus d’un sur quatre se tournerait sans broncher vers le traditionnel open space.

L’importance du bureau attitré

En réalité, ils ne sont que 8% à se projeter dans un flex-office et à peine 3% à vouloir investir un espace de coworking. 83% d’entre eux insistent d’ailleurs sur l’importance d’avoir un bureau attitré. Et il ne s’agit pas là d’une question de méconnaissance de ces lieux. La moitié de ceux qui ont connu une expérience en flex-office (18% de l’échantillon) au cours de stages ou de missions en entreprises ne veut absolument pas retenter l’aventure. En cause, le manque d’intimité et le stress que ces espaces génèrent sont pointés du doigt. Le coworking, lui, rebute d’emblée près du tiers des personnes interrogées.

Contrairement à une idée reçue, le télétravail< ne fait pas plus d’émules. Seuls 6% des sondés seraient intéressés par cette organisation de travail. En réalité, les étudiants interrogés sont à la recherche de repères clairs, qu’il s’agisse de l’aménagement des espaces ou de l’encadrement. Près d’un sur deux (44%) pense que la hiérarchie doit être visible au bureau.

Comment expliquer une telle désaffection pour ce type d’espaces? « Pour les étudiants interrogés, il est important d’avoir un ancrage, un territoire, sur le lieu de travail. Leurs témoignages, montrent qu’ils voient dans le bureau un endroit dans lequel ils peuvent rencontrer leurs collègues tout en se concentrant plus facilement. Ils expriment ainsi leur attachement au contact humain. Par ailleurs, se rendre au bureau leur semble un moyen de séparer au mieux leur vie privée et leur vie professionnelle », explique Ingrid Nappi-Choulet, professeur titulaire de la Chaire Immobilier et développement durable de l’ESSEC et de la Chaire Workplace Management.

« Demande de végétal »

Parmi les dernières tendances d’aménagement des espaces de travail, l’une d’entre elles remporte néanmoins l’adhésion: la végétalisation des bureaux. Elle est importante pour plus de 8 étudiants sur dix. 27% la considèrent même comme un critère déterminant dans le choix de leur futur employeur. Ingrid Nappi-Choulet voit derrière cette tendance, une attente forte des jeunes sur le bien-être au travail.

« Cette notion de bien-être au travail ressort directement -ce critère est le troisième critère de choix derrière la mission et le salaire- et indirectement, à travers l’accent mis sur le bureau individuel -synonyme de confort, d’intimité, de réduction du stress- ou ce besoin de végétal, décrypte-t-elle en ajoutant: Cela va plus loin qu’un simple besoin de végétal. Plus d’un étudiant sur deux pourrait refuser une opportunité professionnelle si l’air est de mauvaise qualité sur le lieu de travail. C’est donc le bien-être au travail qui soutient cette demande de végétal », ajoute l’experte. Selon elle, on assiste même à un « véritable saut générationnel » sur cet enjeu de préoccupation environnementale.

Amis RH, vous l’aurez compris, cessez de vous encombrer de « standing desks », de salles de siestes, et autres îlots avec banquette et home cinema. Le futur manager rêve d’un bureau fait de cloisons, de vrais chefs et de plantes vertes. On vous aura prévenus: Google est « has been », désormais, la mode est au rétro version Mad Men.

Méthodologie: Enquête réalisée entre septembre et octobre 2018 par la Chaire Workplace Management de l’ESSEC Business School, sous la direction du professeur Ingrid Nappi-Choulet, auprès de 446 étudiants des programmes Grande Ecole et Mastères spécialisés de l’ESSEC Business School. L’échantillon comporte 56 % de femmes et 44 % d’hommes. Échantillon aléatoire, 95 % de niveau de confiance, 5 % de précision.

Source : Par Marion Perroud le 21.11.2018 à 09h00, Challenges.fr mis à jour le 21.11.2018 à 14h29

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